JOZEF K. PILSUDSKI

Seule l’épée porte maintenant un poids dans la balance pour le destin d’une nation,” déclara Jósef Piłsudski en 1914.”  Mon  père aimait parler de l’histoire de ses héros. Voici ce qu’il m’a dit quand j’étais étudiante à l’université de Grenoble où il me visitait: «Il a fallu attendre 123 ans après que Tadeusz Kościuszko et son armée de paysans se soit battu avec courage mais sans succès pour une Pologne libre et souveraine, pour que Piłsudski, s’inspirant de son courage, brandisse son épée et redonne à la Pologne son indépendance.” 

Józef Piłsudski est né à Zalavas, en Lituanie, le 5 décembre 1867. Sa famille se considère polonaise depuis toujours. En 1910, Piłsudski et ses associés dont Wladislaw Sikorski, future commandant de l’armée polonaise en exil pendant la Seconde Guerre mondiale, créent deux organizations paramilitaires dans la zone autrichienne de Pologne dont l’une à Lwow (aujourd’hui Lviv, Ukraine).  Piłsudski fut un ami proche de Marian Wielezynski qui lui demanda d’être le parrain de ses deux plus jeunes fils Leszek et Zbyszek. Leur amitié dura jusqu’à la mort de Jósef Piłsudski, le 12 mai 1935.

En mars 1920, après son rôle héroïque lors de la bataille de Varsovie contre la Russie, Piłsudski est nommé premier maréchal de Pologne. Il transforme le gouvernement polonais d’un système parlementaire à un système présidentiel, donnant plus de pouvoir au président. Cependant, il s’oppose au totalitarisme. En avril 1935, après avoir aidé la Pologne à adopter une nouvelle constitution contenant de forts pouvoirs réservés à l’exécutif, il refuse de devenir président de Pologne.

LA BATAILLE DE VARSOVIE

De 1795 à 1918, la Pologne est partagée entre l’Autriche, la Prusse et la Russie. Lors de sa réémergence en nation indépendante après la Première Guerre mondiale, la Pologne reconstituée doit immédiatement faire face à un défi existentiel venant de Moscou. Les Bolcheviks, sous la direction de Lénine, n’ont pas encore consolidé leur pouvoir en Russie, mais leur désir d’expansion est bien connu des Polonais et de leur nouveau chef d’État, Józef Piłsudski. La guerre entre la Pologne et la Russie éclate en février 1919.  Les Russes font clairement comprendre aux Polonais qu’ils sont un obstacle à leur objectif plus large qui est d’exporter le communisme dans le reste de l’Europe occidentale. L’Allemagne d’après-guerre en proie à un profond chaos économique et politique, semble mûre pour une révolution marxiste si seulement les troupes soviétiques pouvaient leur venir en aide. Ceci ne pouvait se produire que si la Pologne etait éliminée.  Surnommé « le Napoléon rouge,» le commandant soviétique Mikhaïl Tukhachevsky ordonne: « À l’Ouest! Sur le cadavre de la Pologne se trouve la route de la conflagration mondiale.  Marchons sur Vilnus, Minsk, Varsovie et Berlin!” Nikolaï Bukharin, le théoricien bolchévique et confident de Lénine, déclare publiquement que leur campagne conduira les forces communistes  “directement à Londres et à Paris.»

Les victoires soviétiques de l’été 1920 s’accumulent. L’Armée rouge est aux portes de Varsovie. Du 12 au 25 août, la bataille fait rage. Les observateurs étrangers dont le general de Gaulle, s’attendent à un effondrement imminent de la Pologne. C’est alors que le génie stratégique de Piłsudski et de son chef d’état-major Tadeusz Jordan-Rozwadowski, ainsi que le courage légendaire des soldats polonais se combinent pour produire ce que les Polonais appellent « le miracle sur la Vistule ». L’armée russe est encerclée. Lénine reconnait la défaite de son armée. Un traité de paix est signé à la mi-octobre.  Contre toute attente, la Pologne avait arrêté l’expansionnisme révolutionnaire des Russes. Il n’y aura pas d’Europe occidentale communiste.  Soixante ans plus tard, le mouvement Solidarité en Pologne jouera un rôle central dans la fin de l’Empire soviétique.

Voici le reste de l’histoire de notre père sur Tadeusz Kościuszko.

Kościuszko était idéaliste et courageux. En 1776, il quitte la Pologne et émigre en Amérique pour devenir colonel dans l’armée continentale aux côtés de George Washington.  Il reconnait les idéaux de la Déclaration d’Indépendance américaine: Tous les hommes sont créés égaux. De retour en Europe, il joue un rôle dans la révolution française et devient un héros en France. Cependant, il est polonais avant tout.  Au printemps 1794, il lève une armée de paysans qui se bat courageusement contre la Russie pour une Pologne unifiée et libre de toute domination étrangère et de la cupidité des riches magnats. Malheureusement, Kościusko et son armée sont vaincus.  En 1795, la Pologne est à nouveau divisée entre l’Autriche, la Russie et la Prusse et son nom est effacé de certaines cartes d’Europe. Durant le siècle suivant, des Polonais courageux essayent à maintes reprises de se battre pour sa libération mais les forces ennemies sont insurmontables. Et puis, le 28 juillet 1914, l’Autriche envahit la Serbie. Tout semble possible à nouveau.”